PETIT MOQUET DEVIENDRA GRAND



« J’avais plus d’un ami parmi ces juifs,
et ces maquisards, et ces otages (…).
Je sais qu’ils seraient tout les premiers honteux, et offensés,
du parti que [vous] tirez de leur héroïsme
– de cette sorte de chantage à leur mort. »
Jean PAULHAN



Les intoxiqués porteurs des germes rouges du marxisme nous avaient d’un siècle et de ceux qui l’ont précédé habitués aux falsifications historiques. Depuis la révolution parricide et bourgeoise de 1789, on n’a cessé de calomnier l’ancien régime et l’action de tordre la réalité est devenue une habitude pour ne pas dire un tic. Nos temps effrayants de sombre limpidité fermentent d’idéaux réécrits, d’affirmations démocratiques fantasmatiquement matérialisées, de l’égalité imposée sous le knout, de la liberté symbolique qui se limite à dire et faire n’importe quoi. Or donc, il est indispensable, pour ainsi dire il en va de la survie du régime mis en place par le coup d’état de 1789, de revisiter l’Histoire au plus vite, imaginer les secrets d’un passé lointain forcement ésotérique et halluciner le plus proche en exhumant des spectres qui n’ont jamais existé. La société actuelle sculpte avec ses petits ciseaux d’émotions les idoles aux pieds de fange qui assureront sa pérennité, souhaite-t’elle, pour les siècles à venir. Pour ce faire, rien ne vaut l’utilisation systématique des moyens détournés, des voies de garage alternatives, de la voix confisquée au peuple, virtuelle et vertueuse, et d’institutions abâtardies par le pouvoir excessif qui leur est conféré et qui dépasse toujours le domaine de leurs compétences. Ainsi de l’Histoire que des spécialistes de plus en plus méticuleux risquaient de faire déborder du pot de chambre du dogme progressiste. La « Justice » s’en empare. Nous passerons sur les exécutions sommaires et liminaires de la Terreur, aussi sur les tribunaux cosmopolites d’exception, de Nuremberg à La Haie. Je n’ai en vue que l’Histoire de notre pays, qui peut bien de sa splendeur éclairer celle du monde. Le gauchissement de cette histoire récente, qui tient beaucoup plus du journalisme, mais qui est plus propice à déchaîner les foules, puisqu’elles croient l’avoir vécue, a été entamée lors de procès infâmes où l’on jugeait coupables avant toute plaidoirie et indifféremment Klaus Barbie, Maurice Papon, René Bousquet ou Paul Touvier. Mais cette justice rendue comme on vomit, en dépit des lois et du bon sens, a ses limites : quelques doutes subsistent, quelques ténèbres planent sur une instruction qui se prétendait éducation, qui estimait pouvoir peser de toute sa lourdeur pénale et accabler l’Etat Français tout entier sous le poids des errements d’une poignée de criminels déments. On a par dépit chargé les députés de la rédaction de deux ou trois pages du manuel nouveau. Ce troupeau de singes hurlants ne put s’acquitter de la mission propagandiste qui lui était confiée : avant que ceux-là ne s’entendent sur la couleur des bananes, on aurait le temps d’enterrer quinze dynasties. C’est donc l’Usurpateur en chef qui enjoindra directement aux dresseurs des écoles de la République de faire œuvre perfide, d’inoculer le mensonge aux esprits en formation des chères têtes blondes, qui soit dit en passant, sont de plus en plus crépues et brunes. D’où ce courrier, écrit par un enfant communiste à destination de ses parents communistes, qui doit être lu par des enfants auxquels on imposera de s’identifier au malheureux et crédule petit fusillé du 22 octobre 1941.
« Pensons clair et marchons droit », récapitulons dans les faits réels et historiquement vérifiables, les événements qui menèrent à ce fait divers dramatique. Ca commence le 23 août 1939. Les deux plus sanguinaires dictateurs athées du XXe siècle signent le sinistre « Pacte de non agression ». Le parti communiste français PCF, (plutôt « Parti Cosmopolite Félon ») s’empresse au Barnum parlementaire, de dénoncer la « guerre impérialiste » que mène la France contre l’Allemagne. Le chef du gouvernement, Edouard Daladier, au vu du comportement anti-français des bolcheviques, prononce la dissolution du parti traître le 26 septembre 1939. Le couard secrétaire général des « Pérorants Contre la France » déserte de l’armée et s’enfuit à Moscou, chez les alliés objectifs, à ce moment là, des Nazis, le 6 octobre 1939. Le 10 du même mois de la même année, le député Prosper Môquet, papa du petit Guy, est déchu de son mandat et arrêté. Le parti est clandestin, mais il n’en continue pas moins à coups de tracts et de propagande à démoraliser le peuple Français authentique. Il va même plus loin, puisque ces « Suppôts du Soviet » (SS) entreprennent de saboter à l’intérieur des usines, l’armement destiné à nos valeureux combattants sur le front. Leurs mains sont empoissées du sang d’un grand nombre de nos héroïques soldats qui périrent lors de la campagne de 1940. Ainsi, à cause de la collusion avec l’ennemi du parti auquel il avait voué allégeance, Guy Môquet avec quelques uns de ses camarades, sera arrêté par la police française au métro Gare de l’Est le 13 octobre 1940. Il ne fut pas incarcéré pour des faits de résistance à l’occupant, mais bien parce que, militant des jeunesses communistes, il collabora à la victoire de l’envahisseur boche. Il était déjà dans les geôles réservées aux perfides lorsqu’Hitler décide, le 22 juin 1941, d’attaquer l’URSS et que ses affidés rouges entrent en résistance. Dés lors, ils furent actifs et l’engrenage terrorisme-représailles fut enclenché. Le 20 octobre 1941, le commandant Karl Holtz des troupes d’occupation de Loire Inférieure est assassiné par trois militants communistes. Les doryphores ordonnent au ministre de l’intérieur Pierre Pucheu, de leur livrer vingt-sept otages. Le jeune adolescent Guy Môquet est parmi eux. Il sera fusillé le 22 octobre et la lettre d’adieu qu’un courageux gardien de prison fit parvenir à ses parents lui ouvrira les portes de la fable.
Je voudrais que l’on me dise à quel moment le parcours infiniment triste de ce jeune inconscient endoctriné exalte la ferveur patriotique et l’amour de la France. Il ne fut la tragique victime que des circonstances et de l’adhésion familiale à un parti utopiste dont on ne compte pas les crimes. Je gage qu’en d’autres temps, il n’eut pas rechigné à torturer des soldats français dans les camps Viêt-minh, ni à porter les valises d’explosifs qui tuaient des innocents quand De Gaulle s’apprêtait à brader les trois départements français d’Algérie. Si sa mort fut injuste, on ne peut pas dire que sa survie eut apporté beaucoup à l’humanité ni à la France.
Qu’est-ce donc qui a pris au guide amphétaminé de notre bicentenaire et déclinante nation, quand il décida cette misérable ignominie ? Pourquoi ? Je n’admettrai aucune réponse, car il n’est rien de rationnel dans cette affaire. Veut-il que nous moquions le Môquet ? Que nous le calomnions comme j’ai fait au précédant paragraphe ? Il s’agit peut-être de masturber dans le sens du poil pubien la France des humbles. Mythifier tous les misérables héros anonymes d’un pays sans gloire. La conscription obligatoire de chaque citoyen dans les légions de l’égalitarisme forcené. Au sein pollué de la post-historique civilisation égomaniaque, le plus tortillant ver est la mouche vibrante du cocher malade qui mène le chariot emballé des sous-hommes. Aiguillonner les chenilles dans la chrysalide en espérant qu’elle deviennent de dociles papillons jolis. Il faut inventer de nouveaux maux quand le Mal est terrassé. On invente des démons dans le passé pour n’avoir pas à les affronter, puis on imagine les anges de ce même passé qui les combattent à notre place. Alors, comme le « Bien » a vaincu, nous sommes issus de cette lignée merveilleuse qui a enchaîné le diable. Le dieu mort nous a élu. Nous irons aux quatre coins du monde porter sa bonne parole, à dos de missiles au besoin. Sinon, en faisant valoir notre bon cœur, en libérant les serfs de leurs maîtres iniques, comme fît Napoléon en Europe, cette parole tombée du ciel pour sauver la République. Tombent du ciel les sacs de grain destinés aux populations affamées par nos soins et qu’ils nous adorent comme leurs sauveurs. L’obsession de se répandre. Le misérable petit Môquet n’a rien a y faire, car il n’est qu’un crime éradiqué dans l’œuf, comme on dirait aujourd’hui, une mesure de précaution.




Marseille, 29 octobre 2007.



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